La mémoire du vignoble menacée d’effacement

Déc 10, 2006

L’INRA possède une collection de vignes au Domaine de Vassal parmi les plus importantes au monde de par leur diversité. Voilà qu’un projet de route entre Sète et Agde menace de rayer cette collection précieuse de la carte.

Il faut savoir qu’ue telle collection est indispensable pour l’avenir de la viticuture car les plus anciennes variétés de vignes ont été remplacées par quelques dizaines de clones plus au moins qualitatifs dans les vignobles… La diversité biologique s’est effritée, et la diversité des vins à l’échelle mondiale est en passe d’être lissée et les vrais vins de caractère et de terroir n’auront bientôt plus leur place…

La situation est identique à celle des pommes: seulement 4 variétés de pommes représentent la quasi-totalité de la production alors que plusieurs milliers de variétés de pommes étaient produites il y a 60 ans. La productivité étant passée par là, seules le pommes les plus productives ont subsisté…. mais ce sont aussi les plus fragiles sur le plan des maladies: on ne peut les cultuver sans pesticides chimiques. En effet, la loi des marchés aidant, elles ont été sélectionnées pour produire du tonage et non pour leur qualité intrinsèque.

Pour cultiver des pommes, du blé ou vignes sans pesticides, il est nécessaire de revenir à des espèces moins productives, moins fragiles, plus rustiques (pas sur le plan organoleptique mais sur le plan physiologique), plus robustes . Les céréaliers bio sont les derniers à sauvegarder un savoir-faire qualitatif avec des variétés peut productives et peu sensibles aux maladies comparées aux autres céréales de panification (fabrication du pain). C’est ainsi que certaines variétés ont été réintroduites dans les cultures comme l’épautre (le pain de Jésus si je ne m’abuse) ou une varité de blé quasi-disparue comme le Hardy. Ces variétés sont très recherchées par les moulins et les boulangers car elles donnent naisssance à des farines et des pains sans commune mesure avec  les standards du marché. La qualité de la culture et du pain sont en train de renaître car quelqu’un a eu la bonne idée à une certaine époque de préserver quelques graines dans une collection "au cas où". La fin de l’ère du tout chimique étant arrivée, ces espèces peuvent ressortir des collections savamment organisées par nos chercheurs. Sans ce travail méticuleux de collection, la seule alternative serait de recourrir aux OGM… imaginez le désastre pour la santé publique! Voir le reportage vidéo sur le maïs OGM.

La viticulture  risque de se trouver rapidement dans une impasse si les collections de variétés anciennes sont détruites: puisqu’on ne pourra plus continuer à s’empoisonner la santé et l’alimentation avec des pesticides, il faudra bien repartir de variétés anciennes robustes, non clonées. Il serait bon que quelqu’un trouve une solution pour préserver cette collection de vignes ancestrales, non ?

D’ici là, j’encourage chaque vigneron qui possède des vieilles vignes antérieures à l’époque clonale à planter en direct ou à faire greffer quelques pieds de ces variétés menacées pour l’avenir (au cas où). C’est le choix que j’ai fait depuis quelques années: il vaut mieux compter sur soi qu’attendre des solutions des autres 🙂

 

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