A fond !

Avr 27, 2009

Déjà deux mois sans trouver le temps de déposer une bribe !
Les semaines passent en TGV !

Beaucoup de choses à dire sur les semaines écoulées.
Au vignoble, la taille s’est terminée vers le 10 Avril, soit plus tard qu’habituellement.
Il faut dire que la construction de notre maison quasi passive s’est arrêtée en Juin dernier; et que nous sommes en procédure judiciaire pour parvenir à faire corriger les nombreuss malfaçons et erreurs de construction depuis un bon moment.

Non seulement, nous perdons beaucoup de temps dans la procédure judiciaire mais on dort beaucoup moins bien la nuit… De plus, nous sommes ammenés à faire des travaux imprévus là où nous logeons car notre logement n’est plus adapté à notre activité. On se retrouve avec des frais en plus et du temps à passer pour aménager le bureau et les pièces de la maison qui servent à accueillir les clients particuliers comme les professionnels: sommeliers, cavistes et importateurs.

Pour terminer aussi tardivement la taille de la vigne, il a fallu donner des vignes à tailler en tâche, sinon nous n’aurions pas réussi à terminer avant le débourrement ! Ainsi va la vie. Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que nous n’avons pas le droit de donner nos vignes en tâche à nos propres employés, car l’administration considère que c’est une manière de faire pression sur nos employés et de les obliger à faire des heures sans leur consentement. Etrange point de vue… je pensais que l’esclavage était aboli en France depuis quelques temps déjà, non ?

Nous avons donc dû rechercher quelqu’un d’autre pour nous aider dans notre travail et compenser le temps perdu avec ces travaux et la procédure judiciaire … Quant à nos employés, ils se sont adressés à un autre vigneron pour faire quelques heures pour arrondir leur fin de mois. Certaines lois sont surprenantes, non ?

Mars et Avril sont aussi les mois où nous avons fait les premiers travaux des sols, un épandage de compost et les préparations biodynamiques… mais pas n’importe comment ! Il est important de faire une bonne agronomie pour éviter tout problème de maladie en cours d’année, notamment le botrytis avant les vendanges.

Comment s’y prend-t-on ?

Premièrement, on fait un épandage de compost au début de l’automne, suivit des préparations biodynamiques adéquates afin que le compost évolue correctement dans nos sols. En effet, la vigne se repose à cette période, mais le sol est en plein travail. Un léger griffage est conseillé pour aider, tout en donnant une information complémentaire à tout cet ensemble sol+compost.

Au printemps, l’enherbement naturel a repris sa croissance. J’attends que la diversité biologique soit bien en place; et surtout bien en fleur… en effet, le sysème racinaire des plantes est le plus développé lorsque la palnte est en fleur. C’est là que le sol est le plus émiétté en profondeur. Lorsqu’on va couper ces fleurs avec les charrures interceps, le poids de racines qui va se décomposer sera maximal. Ces racines seront transformées par des micro et macro-organismes qui ont besoin de ces aliments pour se multiplier et à leur tour élaborer des substances qui serviront à d’autres espèces de l’écosystème vivant de nos vignes.

Let’s see !

Nous voici dans une vieille vigne à Cuchery.
Les fleurs jaunes des pissenlit rayonnent. Le pissenlit est une plante que j’affectionne particulièrement.
Ils sont très développés dans toutes nos parcelles.

A Baslieux, lors de la mise en place de la confusion sexuelle, nous arpentons les côteaux pour parsemer le vignoble de diffuseurs spécifiques à la Cochilys, nous évitant tout traitement insecticide pendant la saison.  La cochylis est un papillon qui pond des oeufs dans les raisins. Les jeunes larves font donc des dégâts dans les grappes.

Je vous rassure, les diffuseurs ne diffusent aucun insecticide. Ils diffusent une hormone que la femelle papillon produit pour attirer le papillon mâle, en vue d’un accouplement. Par l’émission des phéromones contenues dans les diffuseurs, le mâle ne peut pas localiser la femelle  car l’air est saturé par l’odeur de la femelle.
C’est comme si on voulait réduire les populations de chiens en diffusant partout l’odeur de la femelle en chaleur. A des kilomètres à la ronde, les chiens ne trouveraient plus les femelles car ils seraient attirés par les diffuseurs… ici, faute de mâle, la femelle papillon ne sera pas fécondée, donc elle ne déposera pas ses oeufs dans les grappes. Les raisins resteront sains.

Bref, revenons-en à la mise en place de la confusion sexuelle dans le vignoble de Baslieux… les confrères habitués aux pratiques conventionnelles et/ou raisonnées nous ont posé de nombreuses questions, sinon nous ont fait de nombreuses remarques sur nos pissenlits, genre:
“Il y en a un là bas, il doit cultiver les pissenlits”
“Pourquoi vous semez des pissenlits dans vos vignes ? Pourquoi en semer autant ?”
etc etc

En fait, rien n’est semé. Le sol se soigne seul, c’est du naturel. J’ai simplement fait une préparation particulière destinée à permettre l’évolution des argiles de nos sols. Ce sont des silicates, donc riches en silice. 95% de la croûte terrestre est constituée de silice. Les plantes devraient la prendre comme constituant significatif; mais depuis l’arrivée de l’azote sous toutes ses formes dans l’agriculture moderne, l’absorbtion de la silice est fortement (pour ne pas dire totallement) bloquée…

Cela conduit à de nombreux problèmes dans tous les maillons de la chaîne alimentaire, jusqu’à l’homme dont la nourriture est carrencée en silice depuis une bonne trentaine d’années. Je n’ai pas le temps de développer ici: il me faut presqu’une heure oralement…

Bref, le pissenlit, comme la prêle, est une plante qui a une forte action sur la silice bloquée dans le sol (notamment dû aux excès d’azote; mais aussi dû à une dégradation des argiles par le déficit de vie organique après quelques dizaines d’années de culture conventionnelle plus ou moins raisonnée… ce qui se mesure par le relagage du sol en aluminium et en cuivre par exemple).

Aussi, lorsque je vois les pissenlits revenir en force, je sais que le moteur de la fertilité a repris de la puissance; et qu’en plus, il tourne dans le bon sens ! Le sol se régénère sous l’action décompactante de la racine pivot du pissenlit, la silice débloquée est assimiliée par le pissenlit et sera restituée dans l’horizon humique lors du passage de la charrue. Les micro-organismes pourront se servir de cette silice organique pour construire des enzymes, des vitamines et autres éléments que seront mis à disposition des autre plantes, notamment la vigne, via le réseau extrêment complexe que constituent les michorizes… Bref, la Grandeur de la Nature préservée par l’abscence de substances de synthèse qui déstabilisent le vivant…

Autant dire que je préfère passer la charrue après la floraison des pissenlits. Pour moi, c’est une condition nécessaire à la mise en place d’un écosystème puissant en phase avec les besoins de la vigne et du vin.

Et oui, le vin doit lui aussi contenir une partie de silice. C’est un catalyseur de la minéralité qui pemet de bâtir une vraie complexité du terroir au vieillissement, mais on en parlera plus tard.

Pour l’homme, une nutrition équilibrée en silice est très importante car elle entre dans la composition des tissus résistants et souples (cheveux, ongles, disques de la colonne vertébrale, ligaments, cartilages, etc), or depuis l’augmentation des rendements dans les cultures par apports déraisonné d’azote, la silice n’est plus assimilée correctement par les légumes et les fruits (raisin compris); pire, la silice est souvent remplacée par l’aluminium (plus facile à assimiler) suite à la dégradation des argiles par les produits chimiques et le déficit de vie dans les sols… mais restons positif, changeons de sujet !

Quand on regarde de plus près, voit qu’il n’y a pas que des pissenlits… heureusement, car à ce stade de l’année, chaque plante a un rôle à jouer. Elles sont même bio-indicatrices. Voilà quelques années que j’ai fait cette formation enrichissante avec Gérard Ducerf, mais j’ai des restes. Outre le pisssenlit, on distingue bien le lamier pourpre, la véronique (et se petites fleurs bleues) et la vesce.


Plus loin, ce sont des trèfles. Comme la vesce, ils sont capables de fournir de l’azote au sol, ce qui montre un besoin d’azote ou de matière organique animale. La véronique et le lamier pourpre sont surtout des plantes qui montrent un excès de matière organique. Comme aucune plante ne domine, j’en conclue que l’équilibre C/N n’est pas si mal…


Ici, on distingue mieux les jolies fleurs de véronique au bleu délicat.


Là, une invitée surprise s’est glisseé dans la parcelle.

Et puis, quelques géraniums…


Enfin, les fraises des bois ont commencé à fleurir il y a quelques semaines, en meme temps que les cassis.

Je peux maintenant passer la charrue en conscience. Le travail du sol va homogénéiser toutes ces différences locales, remettre la matière organique et la vie des sols en route pour que les minéraux fixés par les plantes soient en mesure de dynamiser tout ce petit monde qui vit dans nos parcelles.

Et nous ne sommes pas seuls à vivre de nos vignes. Outre un employé par hectare et les amateurs de vins qui se délectent de nos vins, ce sont des milliers, pour ne pas dire des millions, d’êtres vivants peuplent nos parcelles et vivent de ce repect intègre de la nature. Chacun vient y faire un tour le moment venu.


Ici, une nuée de bourdons est venue chercher quelques grammes de nectar ou de pollen pour leur besoin quotidien; et peut-être aussi pour en stocker pour les moments de disette…

C’est beau de voir cette dynamique en action. Nous sommes contents de particper activement au maintient de ces espèces naturelles trop souvent détruites à coups de pesticides et d’inconscience. C’est pourquoi, chez nous, le travail du sol n’est jamais intégral. Nous recherchons toujours l’équilibre entre les besoins de la vigne, car il ne faut pas que la qualité des raisins pâtisse de ce partage en bonne intelligence, et la flore spontannée indispensable aux espèces qui vivent à nos côtés.

Soulignons – si c’était nécessaire – que sans ces espèces, nous ne pourrions vivre, ni nous nourrir de manière optimale et prévenir certains problèmes de santé.

En champagne, les sols sont très calcaires, même si nous ne sommes pas dans les terroirs les plus crayeux. Ici, nous sommes sur des argiles à calcaires durs, argiles à silex et argiles à meulières. Il y a aussi des sables calcaires, des marnes calcaires, etc. L’ère tertiaire est géologiquement bouleversé. Il y a beaucoup de diversité: nos plsu grandes  parcelles ont jusqu’à 5 types de sols différents… difficile de faire des vins d’un seul terroir 🙂

Je m’égarre… le calcaire retient la matière organqiue au printemps et limite la disponibilité de la vigne en nutriments. Nous apportons un compost peu évolué de matière organique animale, assez riche en azote que nous apportons à raison de 160 kg/ha. Ceci équivaut à 8 kilos d’azote/ha apportés par ce compost. Selon la pluviométrie, cet azote sera mis à disposition des micro-organisme entre 2 et 5 semaines après épandange; ce qui crèè un pic d’azote (certes faible comparé à ceux qui mettent entre 1,5 à 2,5 T//ha de fertilisant). Ce pic permet le démarrage de l’activité microbienne du sol. C’est très important de rester en deça de 10 kg/ha d’azote; sinon les micro-organismes restent au repos car le sol est suffisamment pourvu. Ils ne feraient donc pas leur travail de structuration et de porosité du sol si on apportait davantage… à méditer.

Je fais d’abords l’épandage du compost en prenant soin de l’informer du sol et de la plante qu’il va rencontrer. S’en suit un premier travail du sol pour travailler environ 40 % de la surface de la vigne.


Dans les 24 heures qui suivent ce travail, nous apportons les préparations biodynamiques


Nous épandons la 500 P à pied, avec une “pompe à dos” en cuivre à raison de 100 g/ha de préparation dynamisée une heure dans 30 à 35 litres d’eau de pluie pour un ha. C’est moins de gaz à effet de serre qu’au tracteur et plus d’énergie renouvelable, sans avoir à utiliser de masque à gaz. Le reve quoi !

Si nécessaire, nous renforçons les effets de la préparation avec un griffage léger en fin de journée ou le soir.
Bon, il est déjà presque 17h00. Il est grand temps que j’arrête là pour aujourd’hui. J’essaie de faire un prochain article dans la semaine. Bien à vous ! Franck

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