Alors que la floraison des raisins devrait être sur le point de commencer, le temps correspond à celui d’un mois de Mars ou d’Octobre: froid, grisaille, pluie, grêle, vent glacial et courtes éclaircies… Cette météo ne correspond pas à celle que le métabolisme de la vigne réclame…
Aussi, en se déplaçant dans le vignoble, on voit de nombreuses parcelles jaunir ou arborer un feuilage vert pâle montrant une faiblesse. C’est comme cela que la vigne exprime son stress. Force est de constater que ce froid persistant pèse aussi sur notre organisme… Nos vignes sont certainement atteintes de la même manière au plus profond de leur être.
Pour soigner cela et permettre à la vigne de supporter ce stress climatique, on fait appel a une plante médicinale. C’est la plante que l’on savoure en tisane lorsqu’on fait une insolation ou qu’on a un "coup de chaud" l’été: la camomille matricaire (Matricaria chamomilla). Il faut la cueillir à un stade particulier. Comme elle n’est pas encore en fleur (retard végétatif lié au climat), j’ai utilisé celle cueillie l’an passé.
Cette camamille (attention, il y en a plusieurs… mais il n’y en a qu’une bonne) est diagnostiquée au vignoble dans les situtations suivantes: excès de chaleur, de froid, de pluie de sécheresse.
En 2003 (année de LA canicule), une vigne a mis coteau, exposée plein sud présentait un aspect bizarre: le haut et le bas de la parcelle était bien verts, et le milieu était vert pâle, voir jaune comme si c’était un début de chlorose (= carrence en fer)… Qui dit début de chlorose, dit qu’il faut augmenter la dose d’ortie dans les tisanes (c’est assez rare dans les environs: nous n’apportons aucun chélate ou sulfate de fer dans nos sols car les propriétés minéralisantes de l’ortie suffisent, même en secteur très chlorosant)… erreur de diagnostique !
A l’endroit précis de la décoloration du feuillage se trouve un banc rocheux de calcaires durs… En clair, la vigne pousse sur un tas de cailloux très dense… le sol avait donc moins de réserves en eau et l’enracinement avait plus de mal a aller rechercher de l’eau en profondeur… La vigne ne souffrait pas de chlorose mais d’un stress climatique de type sécheresse . Je suis allé cueillir de la camomille (heureusement qu’on en trouve longtemps!), j’ai fait ma tisane, je suis allé la pulvériser sur la vigne… quelques minutes plus tard, la vigne était toute verte, jolie comme tout !!!
Voici encore une preuve que la nature regorge de trésors ! En plus, ce sont des trésors qui ne coûtent pas bien cher! 🙂 Ce serait domage de remplacer cela par des produits commerciaux dont on a du mal à connaitre la composition exacte, non ?
La tisane que j’ai préparé pour traiter les vignes demain contiendra de l’ortie, du saule et de la camomille… et ça sentait tellement bon que je n’ai pas pu résister d’en boire un verre…
La camomille, ce sont les petites "boules" jaunes ci-dessus.