Ici, les travaux vont bon train:
A peine a-t-on commencé le palissage des chardonnays qu’il faut aller relever nos pinots noirs, et continuer de relever les pinots meuniers les plus pressants. Avec le retour de la chaleur, tout s’accélère: croissance de la vigne, croissance de l’herbe et bien entendu, le début de la floraison.
C’est l’ultime moment où je peux aider mes trois parcelles de vigne dont le système racinaire a fortement été endommagé lors de la reprise du travail du sol voilà quelques années. Jusqu’à cette année, j’ai fait l’expérience de les laisser se reconstruire sans apport de nutriment ni au sol (pas d’engrai ni d’amendement), ni en foliaire. Je me suis contenté de stimuler l’activité microbienne des sols par les préparations biodynamiques. L’effet sur le sol a bien marché car il s’est structuré, a noirci, a gagné en porosité, n’est plus sensible à l’érosion, et une belle biodiversité s’est installée… sauf que le système racinaire de la vigne reste insuffisamment développé pour aller chercher les nutriments mis à disposition par le sol et produire une récolte honorable.
Comme les rares vignerons bio de Champagne sont regardés comme des extra-terrestres, je ne voudrais pas que nos confrères pensent que la culture biodynamique pratiquée au domaine conduit à des vignes qui ont du mal à donner des raisins en quantité acceptable pour eux…
Afin de conforter l’image de la bio, j’ai décidé cette année d’arrêter cette expérimentation et de remettre nos vignes sur les rails de la productivité contenue; c’est à dire obtenir des rendements conformes à l’obtension d’un vin de très grande qualité… avec la bio, on pourrait atteindre des rendements supérieurs à 15000 kg/ha sans problème, mais à mon sens il vaut mieux être un bon vigneron par la qualité que par la quantité.
Dans ces 3 parcelles, après 5 ans d’enherbement sans aucun apport de fertilisation, j’ai commencé par un apport de compost à l’automne, puis j’ai intensifié les préparations biodynamiques. Et là, juste avant la floraison, je vais apporter un complément foliaire à base d’algues plus une tisane d’achilée millefeuille pour une vigne et d’une tisane de fleurs de pissenlit pour les deux autres…
Et oui, chaque vigne vit sa propre vie dans un micro-climat différent, et chacune demande une attention particulière… lorsqu’on travaille en culture naturelle, on se doit de faire attention aux particularités de chaque vigne et de les conduire spécifiquement. C’est comme les enfantsd’une famille: ils ont leur caractère, leurs particularités et chacun demande à être aidés sur des points spécifiques différants de ceux des autres enfants.
Travailler ainsi, “à la carte”, est une preuve de notre engagement pour leur bien-être. Ca se voit, les vignes sont contentes de recevoir tout ce soin et cet amour. Elles nous le rendent bien au moment des vendanges.
La rosée matinale est en train de s’évaporer, je vais pouvoir démarrer le chenillard d’ici peu. Je vous laisse, mes vignes m’attendent…