Maladies du bois…

Mar 1, 2008

…un trichoderma homologué contre les maladies du bois: ESQUIVE WP.

undefined Il aura fallu en France que la chimie de synthèse soit dans l’impasse, que la profession intercède auprès des autorités de tutelle et qu’accessoirement le produit biologique soit efficace, pour que le comité d’homologation se décide enfin à se pencher sur le trichoderma pour lutter contre les maladies du bois.

C’eût été impossible dans notre pays il y a quelques années où les techniques de lutte contre les maladies du bois alternatives à la chimie étaient plutôt pourchassées, ainsi que les articles de journalistes s’y rapportant. Cette fois-ci Agrauxine, la société détentrice du brevet pour un trichoderma atroviride, a obtenu l’AMM n°2080004. Probablement que de fortes pressions se sont exercées au niveau des comités d’homologation voyant une solution biologique être proposée pour remplacer des solutions chimiques toxiques : escudo et arsénite. Cassant ainsi ce mythe selon lequel, sans la chimie, le vigneron serait désarmé. Il est intéressant à ce sujet de lire un édito de Michel Bettane, intitulé « Halte aux biocons » qui estime que la viticulture biologique ne peut être pratiquée que par des « pointures techniques ». Les autres devraient s’en remettre à des recettes chimiques toutes faites.

Il aura fallu qu’une vingtaine d’organisations professionnelles, telles le Syndicat du cru Julienas, le Syndicat Régional des AOC Bordeaux supérieur, le Syndicat des Beaujolais ou le Syndicat AOC Cabernet de Saumur blancs, soutienne l’urgence de délivrer l’homologation d’Esquive WP auprès du ministère de l’agriculture. Preuve que les mécanismes d’homologation de ce pays ne sont pas aussi neutres qu’affirmé.

L’efficacité en traitement préventif est annoncée par Agrauxine à 67 %, et de 50 à 75% contre Eutypa lata – champignon de l’eutypiose – un an après le traitement, par le professeur Lecomte à l’Inra de Bordeaux. Devant ces faits, les comités homologateurs ont dû se rendre à l’évidence. Il aura fallu en France que la chimie de synthèse soit dans l’impasse, que la profession intercède auprès des autorités de tutelle et qu’accessoirement le produit biologique soit efficace, pour que le comité d’homologation se décide enfin à se pencher sur le trichoderma. D’autres pays comme la Suisse, l’Allemagne ou Israël utilisent légalement des trichoderma depuis plus de 10 ans ! Et en exportent…

En pratique, Esquive WP se présente sous forme de poudre, et doit être mélangé à de l’eau avant d’être appliqué en traitement préventif des plaies de tailles hivernales par pulvérisation à 4kg/hectare, dose pouvant être réduite à 2kg/hectare si utilisation de panneaux récupérateurs. Esquive peut aussi être badigeonné au pinceau (2kg/hectares) dans les jours qui suivent la taille. À noter également une application en pépinière puisque les plants de vigne estampillés Biorize des établissements Mercier subissent un traitement préventif à base du Trichoderma atroviride, dès la greffe. Des études portant sur des essais de courte durée in vitro ou sur plantes avec plaie de taille, montrent que ce champignon s’oppose à la pénétration des pathogènes responsables des maladies du bois.

Les esprits chagrins soulignent d’ailleurs que c’est là que le bât blesserait. Car en conditions de terrain, l’efficacité ne serait moindre ou nulle. Il est clair que les instituts homologateurs qui testent le champignon en conditions conventionnelles, donc avec des doses de fongicides « conventionnelles », doivent observer une diminution l’efficacité du champignon Trichoderma. C’est tout à fait ce qui est reproché à la France : vouloir homologuer des solutions bio dans un cadre conventionnel, alors que tous les autres pays homologuent des traitement bio dans des instituts bio.

Donc si Esquive est tout de même efficace en présence de fongicides de synthèse, probablement qu’en viticulture biologique, avec traitements au cuivre limités, l’efficacité n’en sera qu’améliorée.

David LEFEBVRE

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