Il faut dire que ce mois de février est particulièrement chaud. Les gelées matinales laissent rapidement la place à la douceur et aux généreux rayons du soleil. Cette succession de nuits froides et de journées chaudes agit comme un pompe pour l’eau du sol: elle remonte à la surface du sol. Ceci entretenant l’humidité superficielle du sol à une température clémente. Dans les premiers centimètres du sol – l’horizon humique – la vie s’éveille…
Le sol est par conséquent labouré par les vers de terre qui viennent chercher la matière organique en cours de transformation par ces êtres vivants si petits qu’on les distingue à peine en marchant. Grâce à eux et à ces conditions météorologiques, le pintemps se met en place, doucement, mais sûrement.
Hier, dimanche, c’était encore une belle journée pour tailler. En arrivant aux “Saint-Quifort”, j’avais le sentiment que j’avais oublié quelque chose, mais quoi ? Ah, oui! Mon appareil photo pour immortaliser cette journée. J’aurais pu faire quelques beaux clichés des plantes naturelles qui poussent dans nos parcelles de vigne; ou bien les premières plantes à fleur qui fleurissent, ou des ceps de vigne qui pleurent car la sève monte. J’ai manqué une occasion de faire de très belles photos…
J’aurais aussi pu prendre en photo ces plantes que j’ai cueilli l’autre soir, juste avant le crépuscule, dans une vigne à Paradis: pissenlit, mâche, gaillet-grateron que nous avons pu déguster en salade.
Quoi de plus beau que de passer une journée au soleil et en T-Shirt, bercé par le gazoulli des oiseaux ? La vie serait si belle si on pouvait travailler ainsi, en harmonie avec la Nature, au service de la Nature avec son sécateur.
Malheureusement, les choses ne sont pas ainsi: l’homme a su se créer un environnement plein de contraintes, avec des paperasses à rallonges, des lois qui nous empêchent d’agir pour le bien de la Nature, des délais, des échénces en tout genre, et les sanctions qui vont avec en cas de manquement… quelle tristesse en ce monde virtuel créé par l’homme… on passe à côté de l’essentiel lorsqu’on est emprisonné par toutes ces règles.
D’un coup, un son particulier, comme des gloussements, me fait sortir de mes rêveries. Un voisin venu tailler ses jeunes plants me fait signe. Je lève les yeux vers le ciel bleu, sans nuage. Ce bruit provenait de là-haut… une petite centaine de grues traverse le ciel de la Vallée de la Marne. Ces oiseaux migrateurs arrivent du sud. Cette fois c’est certain, le printemps est bien là, avec près d’un mois d’avance. Si j’en doutais encore, j’aurais vraiment dû prendre mon appareil photo…