Bonjour,
Aujourd’hui c’est férié. Pour la première fois depuis la naissance de Clarisse (7 ans), j’ai pu consacrer quelques heures à nos trois enfants. Nous sommes donc partis à la recherche des champignons de forêt et de pâture. Octobre n’a pas été très pluvieux: hormis quelques brouillards, le total des pluies se compte en mm alors qu’habituellement, ce sont quelques dizaines de millimètres qui tombent à cette saison. La cueillette fut donc minime, mais ce n’était pas là le but de l’opération.
Sur le chemin du retour, je m’arrête devant deux de nos vignes… Le triticale à-t-il levé??
Le triticale est une céréale qui servira de couverture hivernale à nos sols. Les années précédentes, je semais plutôt du seigle, de l’orge ou du blé. Le triticale résistant mieux aux gelées d’hivers que le blé, c’est ce que j’ai choisi de semer cet automne.
Après les vendanges, le sol est resté chaud. La fenêtre pour le semis de céréales est longue cette année car le beau temps domine ce mois d’Octobre. Après un travail du sol adapté à chaque parcelle (en plein ou localisé dans le rang) , nous avons procédé au semi avec le bon vieux semoir à engrais de papa: celui muni de deux lanières qu’on passe autour du cou pour semer les grains à la volée. Ceci nous permet de localiser les grains dans le milieu des rangs… au cas où le mauvais temps du printemps nous empêcherait de détruire mécaniquement les épis qui se développent sous le rang de vigne.
Dans quel but semer une céréale dans les vignes?
Tout dépend des parcelles… Le sol, le climat, le cépage, le porte-greffe, l’historique de la parcelle variant à chaque fois, chaque parcelle demande à être conduite différemment pour obtenir comme résultat final une belle vendange.
Premier Cas, "Le Grand Marais"
Le sol de cette vigne n’est travaillé que depuis deux ans car je n’en avais pas la responsabilité avant. Le sol a du mal à se décompacter. Les céréales vont l’aider de trois manières:
– savez-vous qu’un grain de blé produit 200 km de racines et qu’un grain de seigle 600 km?? Ce réseau va émietter la surface du sol (à défaut de plonger si le sous-sol est trop compact ). Ceci va permettre d’oxygéner de la surface du sol
– les céréales qui vont se développer vont puiser les fertilisants suceptibles de migrer dans les nappes phréatiques au cours de l’automne et de l’hiver. Elles les relargueront quand on les tondra ou qu’on les sarclera. Elles serviront de nourriture à la flore du sol qui vit en interaction avec la surface.
– Lorsqu’on les détruira mécaniquement, les racines vont mourrir et servir de nutriment aux micro-organismes vivant dans les couches les plus profondes du sol. L’endroit où les racines se trouvaient dans le sol formeront des conduits par lesquels les eaux de pluie et l’air pourront pénétrer… La vie pourra alors continuer sa propagation dans les profondeurs du sol afin qu’il retrouve son dynamisme. C’est un point nécessaire à l’expression du terroir dans nos vins.
Second cas, "Le Bois de Binson"
Dans cette vigne, il est plus difficile de discerner le semis, et pourtant, il est bien là!
Cette parcelle était principalement colonisée par le mourron après les vendanges. Un signe qui ne trompe pas: c’est le témoin d’une bonne aérobiose (la vie microbienne de surface travaille bien), mais c’est aussi un indicateur d’un souci non résolu avec l’azote. C’est d’ailleurs une des parcelles où j’ai eu du botrytis aux vendanges 2005… il faut donc travailler à réduire l’absorption d’azote par la vigne pour équilibrer son alimentation et prévenir le botrytis. Le triticale sera un élément contribuant à ce "puisage" des ressources du sol pour la prochaine saison. Il va volontairement concurrencer l’alimentation de la vigne pour le bien-être de cette dernière.
Rendez-vous au printemps pour la suite!
Franck