Confusion sexuelle à Baslieux-sous-Chatillon

Fév 21, 2006

Voilà 8 ans que j’ai pris en main le dossier de la confusion sexuelle…

Cette technique agrée en lutte biologique nous dispense d’utiliser des insecticides chimiques pour contenir les populations de "tordeuses de la grappe". Ce sont des papillons (lépidoptères) qui pondent des oeufs à deux périodes de l’année sur les raisins. La première génération de vers pond avant floraison. La larve agglomère plusieurs grains pour se former un abri à l’aide d’une substance qu’elle sécrète. Les grains agglomérés – formant une glomérule – sont perdus. Ce ver se transformera à son tour en papillon, s’accouplera et de nouvelles pontes auront lieu sur grappes. A ce stade de la saison, le grain sera  formé. De l’oeuf sortira une larve qui perforera plusieurs grains pour se nourrir, induisant ainsi le développement de la pourriture du raisin. Autant dire qu’on préfrère limiter les ravages de ces insectes !

Comment marche la confusion sexuelle ?

Il s’agit de saturer l’air avec la phéromone que la femelle produit pour attirer le mâle en vue d’un accouplement (comme le fait une chienne en chaleur). Le mâle est donc dans l’incapacité de localiser la femelle… il n’y a pas d’accouplement, donc pas de ponte sur les raisins… donc pas de dégâts à la vigne.
A priori, la phéromone utilisée n’est pas plus dangereuse pour l’homme que les substances que les animaux émettent dans l’air tout au long de l’année pour alerter le mâle qu’elle sont prêtes à perpétuer l’espèce…

Dans ces conditions , pourquoi devrions-nous saturer l’air de nos campagnes et l’eau de nos cours d’eau de susbtances neuro-toxiques (dégénératives du système nerveux central et périphérique) ou de molécules qui bloquent les influx nerveux, ou encore qui bloquent la division cellulaire, etc etc. Il faut savoir que les modes d’action des insecticides sont les mêmes que ceux des toxiques de combat employés par les militaires en cas de guerre chimique. On peut être certain qu’elles ont aussi un effet sur l’homme, mais aussi sur la faune auxiliaire qui nous aide à protéger naturellement nos vignes.

Quelle efficacité pour la confusion sexuelle ?

Aidé de Fabien MATHIEU (et de Laurent LIEBART la première année), nous relançons chaque année les vignerons qui travaillent des vignes à Baslieux-sous-Chatillon. Un courrier est envoyé à chacun d’eux afin de savoir s’ils souhaitent continuer. En 2005, nous utilisions cette technique sur l’ensemble de la commune pour la septième année consécutive. 2005 est réputée pour la présence de botrytis sur les cépages noirs en Champagne, dont le Pinot Meunier (cépage couvrant 80% de la commune) fait partie.
Les vignerons ont bien remarqué la différence lors des vendanges: le botrytis était marginal à Baslieux-sous-Chatillon!
En fait, nous comptons les populations de vers de la grappe à chaque génération. Nous n’avons jamais dépassé 2/100 de grappes touchées, quels que soit l’année, le cépage, ou le lieu-dit; ce qui correspond à d’excellents résultats.
Avec les collègues qui avaient déjà une démarche raisonnée (c a d qui procédaient à des comptages avant intervention), on a pu constater un effondrement des populations comptabilisées, suivi aux vendanges d’une nette amélioration de l’état sanitaire des raisins… 

Articles Similaires