Aujourd’hui, le calendrier lunaire nous dit "c’est jour fruit et période de plantation". C’est donc le moment de mettre en terre les bois sélectionnés dans nos vieilles vignes et les "démarrer" au chaud. Lorsqu’ils auront fait quelques racines, nous les repiquerons en terre. Nous préservons ainsi les espèces de vigne en voie de disparition… la biodiversité du domaine est conservée, sous l’oeil attentif de Saint-VIncent.
EXPLICATIONS:
Autrefois, les vignerons multipliaient leurs propres vignes; ou bien faisaient appel à des pépiniéristes qui s’étaient spécialisés dans le travail de séléction des bois de vigne pour les greffer. Ils avaient donc sélectionné certaines parcelles d’où ils tiraient les bois. C’est ce qu’on appelle la séléction massale.
Depuis les années 80, le services techniques viticoles ont incité à la plantation de vignes à base de clones.
Comment obtient-on un clone ?
Cela n’a rien à voir avec les manipulations génétiques des fictions…
Tout d’abord, on sélectionne des ceps de vigne pour certaines aptitudes; notamment de fortes capacités productives (= rendement élevé). Puis ces ceps sont multipliés de manière à pouvoir extraire de grandes quantités de greffons et composer de grandes quantités de plants aux aptitudes homogènes. C’est la sélection clonale.
Suite aux années de fortes gelées qui ont posé des problèmes de survie du vignoble (4 années étaient nécessaires pour cumuler l’équivalent d’une récolte), les clones productifs sont arrivés comme un soulagement pour le vigneron. Depuis les années 80, le vignoble champenois a vécu un véritalbe changement car les clones ont remplacé les sélections massales.
Qu’a changé la généralisation des clones ?
Un point positif: la production s’est accrue grâce aux clones; et s’est accentuée grâce au réchauffement climatique: gelées printanières moins fréquentes, floraison sans gros pépin, et raisins de grosse taille.
Les points négatifs sont d’ordre qualitatif et environnementale:
– la difficulté s’est déplacée car les vignes produisant plus de raisins ont du mal à les faire mûrir jusqu’au bout… ce qui est dommageable pour la qualité du vin. C’est pourquoi, après avoir taillé court nos vignes, nous sommes parfois contraints de couper des raisins dès la floraison et permettre ainsi de réduire la charge potentielle de la vigne. Ayant moins de raisins à faire mûrir, la vigne parvient à produire des raisins avec une meilleure maturité.
– du point de vue environnemental, les variétés anciennes de vignes sont remplacées par des clones. Les vignerons avaient sélectionné pendant des siècles des espèces adaptées à nos terroirs et à nos micro-climats. La diveristé biologique était très grande: des milliers de sortes de vignes d’un même cépage étaient nées de ces sélections et multiplications empiriques. Aujourd’hui, on dénombre tout au plus quelques dizaines de clones qui viennent inexorablement remplacer la biodiversité ancestrale. Tout a été chamboulé en moins de 30 ans (âge moyen auquel la vigne est arrachée en Champagne).
Le patrimoine génétique de la Champagne s’épuise !
Bientôt, le vignoble de la région aura perdu ses possibilités génétiques et ces quelques espèces pourront aisément être transplantées en tout point du globe… Or, le vin est obtenu par La Vigne et par le terroir. Si la vigne perd ses particularités, le vin en perdra une partie aussi.
Et au Champagne Franck PASCAL ?
Afin de préserver la biodiversité de notre domaine (celle qui à mon sens contribue à la richesse de nos vins), je n’ai pas arraché mes vieilles vignes, même si certaines d’entre elles plantées entre 55 et 60 montrent des signes de fatigue. Dans une de ces vieilles parcelles, l’état sanitaire est exemplaire et la production de la vigne est raisonnable. Ce sont deux critères très importants en bio pour obtenir des vins de qualité. Je référence, année après année, les ceps dont la récolte est suffisante, pas trop abondante; et surtout dont les raisins ne pourrissent pas.
Plus nombreuses seront les anciennes espèces préservées, plus nous pourrons trouver des solutions à de nouveaux fléaux…