A l’heure où je tapotte sur mon clavier, l’orage sévit encore. A 18 heures, force est de constater que le T-shirt n’était plus de circonstances à Reuil… en quelques minutes, le ciel est passé du bleu au déluge… Impossible de rester sous cette eau froide, j’ai dû me résigner à quitter la vigne.
Pour éviter de perdre du temps, je décidais d’aller faire le plein à 5 km de là, à Mareuil-le-Port. Pas si facile que cela !! Vitesse permise sous le déluge, avec les essuie-glace à la vitesse maxi: 30 km/h. En quelques instants, les fossés à sec depuis plusieurs semaines n’arrivaient plus à absorber les précipitations. Rapidement, quelques cm d’eau dévallaient la chaussée. Avec l’aide du vent, une poubelle a essayé de se suicider: elle a traversé la route sans regarder alors que j’arrivais.
Arrivé au rond point du Prioré de Binson (à mi chemin), difficile de discerner la chaussée sous l’eau. Cent mètres plus loins en direction de Mareuil-le-Port, je passe devant "MECAVALLEE" dont le parking et une partie des locaux ont été innondés. A partir de là, j’entend de gros chocs sur ma carrosserie.. La grêle est au rendez-vous et je vois des grêlons de plus en plus gros s’éclater sur mon pare-brise. Heureusement, des arbres sur le bas côté vont me permettre d’abriter mon véhicule quelques minutes de ces impacts.
Une fois passé, je reprends la direction de la station service. Arrivé dans Port-à-Binson, de la boue mêlée à l’eau descent à toute alure dans les rues. Je regarde à droite… et à gauche… Par quoi je commence, la gauche ou la droite ?
Bon ok. A droite, seules les extrémités des fanes de pomme de terre laissent deviner qu’à cet endroit se trouve (ait) un potager. Et puis, le propriétaire d’une maison toute neuve essayait en vain de dévier les flots qui ont déjà innondé sa cave d’au moins 30 cm. A gauche, du haut de la butte sur laquelle sa maison est construite, une femme entourée de deux jeunes enfants regarde la scène non sans une certaine émotion. Bien au chaud derrière sa baie vitrée, la pelouse qui la sépare de la route est blanche comme en hiver…
Impossible d’aller plus loin, il faut rebrousser chemin: au stop qui rejoint la route nationale, les véhicules sont immobilisés. Ils doivent attendre que les autres véhicules passent, alors qu’ils sont tous en warning et roulent au pas à cause de la visibilité quasi nulle.
Je dois me résigner à rentrer à la maison et penser à la suite: quels impacts sur nos vignes ? Peut-on poudrer le lithotamne sur feuillage encore mouillé ? Ca fait maintenant plus d’une heure et quart que ça dure. Les pluviomètres sont peut-être déjà pleins. Quand renouveler le cuivre ? Reste à décrocher mon téléphone pour demander conseil…
Pas toujours facile d’être vigneron !